Le numéro un mondial de l'éolien supprime 3.000 emplois

COPENHAGUE — Le numéro un mondial de l'éolien, le danois Vestas, a annoncé mardi 3.000 suppressions d'emploi, soit près de 12% de ses effectifs, en raison d'un marché européen difficile où il s'est de son propre aveu montré trop optimiste, et d'une concurrence de plus en plus rude.

"Le marché européen --le premier marché de Vestas-- n'a pas montré les signes d'amélioration qu'on attendait", a souligné le PDG du groupe Ditlev Engel. "Nous avons été optimistes trop longtemps", a-t-il admis lors d'une conférence de presse.

Vestas, après une bonne fin d'année 2009, a stagné au cours des six premiers mois de 2010 et la reprise de l'activité au troisième trimestre "n'a pas été assez solide pour éviter cette compression d'effectifs, nécessaire surtout en Danemark", où les coûts de production sont très élevés, selon M. Engel.

Quelque 2.000 des 3.000 emplois supprimés concerneront le pays scandinave, le plus avancé au monde en terme d'énergie éolienne et siège du numéro un mondial du secteur.

"C'est une situation très triste au Danemark, d'autant que Vestas (...) gagne même des parts de marché" dans le monde, selon le PDG du groupe.

Mais les analystes soulignent que le danois avait trop embauché ces derniers temps: en un an, le nombre d'employés a augmenté de 16% à environ 23.400 personnes fin septembre.

"Vestas a été trop optimiste dans sa politique de recrutement en Europe, et n'a pas d'autre choix que de comprimer ses effectifs car il ne pouvait pas à la longue avoir autant de surcapacités pour espérer préserver sa position", déclare à l'AFP Jacob Pedersen, analyste de Sydbank.

Au troisième trimestre, les résultats de Vestas sont en recul sur toutes les lignes, même s'ils étaient bien supérieurs aux attentes des analystes: le chiffre d'affaires a reculé de 5% à 1,72 milliard d'euros, le nombre d'éoliennes vendues a chuté de 27% à 719 unités tandis que le bénéfice net est tombé de 24% à 126 millions d'euros.

Mais après des mauvais résultats déjà au deuxième trimestre, les analystes s'attendaient en fait à pire et soulignent que l'horizon reste dégagé.

"Vestas n'est pas en crise, loin de là, et les mesures qu'il a prises sont salutaires pour préserver sa compétivité à l'avenir", selon Jacob Pedersen.

Le carnet de commandes devraient atteindre un niveau record en 2010, entre 8.000 à 9.000 mégawatts (MW), souligne-t-il, dont environ 50% en Europe, 30% en Amérique du Nord et du Sud et 20% en Asie/Océanie.

Certes les commandes devraient reculer l'an prochain, entre 7.000 et 8.000 MW selon les prévisions de Vestas.

"Mais c'est toujours un niveau élevé dans le marché des éoliennes", selon M. Pedersen, qui souligne que le record de commandes de 2010 était "dû à un report des commandes de 2009 à cause de la crise financière internationale".

Selon lui, Vestas, qui détenait l'an dernier 12,5% du marché mondial devant l'Américain GE Electric, garde une longueur d'avance sur ses concurrents notamment asiatiques, qui ont beaucoup investi dans ce secteur. Le danois fait également face à une forte concurrence allemande en Europe du nord, avec par exemple Siemens.

Pour le PDG de Vestas, la menace asiatique est "réelle".

Les concurrents chinois et indiens "veulent nous détrôner. Mais ceux qui croient qu'on va abandonner volontairement notre position font fausse route. Nous n'avons pas l'intention de laisser la place", assure M. Engel.

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